Il y a encore du changement. D’une jolie maison avec des colocs très sympas à Grâne, on a déménagé de l’autre côté de la rivière, dans une autre sous-location, avec de nouvelles personnes à découvrir. Un changement, surtout lorsqu’il est subi, est toujours un peu fatiguant et met dans l’estomac un sentiment bizarre. Une raison de plus de trouver un endroit stable pour vivre, travailler et construire…
Ces derniers mois, cependant, nos esprits étaient un peu moins à l’installation agricole. Juste après la «formation fromage» au Pradel (Ardèche), j’ai commencé un boulot dans une ferme de brebis-viande. L’idée initiale était de faire un mi-temps chacun, moi et Mathieu. Mais apparemment, un mi-temps agricole c’est 45 heures par semaine… Blague à part, la période des foins commence juste et une partie du troupeau est en agnelage, il y a donc beaucoup de boulot ! Allons-donc pour un gros plein-temps chacun ! La ferme est en agriculture biologique avec près de 600 brebis, du fourrage (à la fois pour la vente et l’usage propre), du mais, des pois, du lin, de l’orge, du blé, des lentilles, des pois chiches, de l’ail, des tournesols, des noix, du sarrasin, etc. Notre rôle à nous : prendre soin du troupeau, nourrir les nouvelles mamans et leurs agneaux, faire des parcs électriques pour le reste du troupeau, et plein d’autres petites tâches agricoles. C’est un boulot très physique !
Il y a beaucoup d’orages ces derniers jours, qui forment dans le ciel de belles formations nuageuses. C’est le coté agréable d’un boulot agricole : être dehors (et l’inconvénient, bien sûr, lorsque la pluie survient). Les champs de céréales deviennent lentement jaunes, certains avec plein de petites tâches rouges de coquelicots. Nous apprenons à mieux connaître la région et les gens. Nager dans la rivière, aller au marché, apéro ici et là, marcher dans les montagnes…
Doit-on être plus concentré à trouver un lieu d’installation, même si ça peut être dans une autre région ? Ou doit-on être patient ? Doit-on voyager parfois une semaine, à travers France, pour visiter des fermes ? Ou est-ce qu’une opportunité apparaitra enfin à nous, là où l’on travaille, là où l’on s’investit ?
Je regarde régulièrement les offres sur le web (Terre de liens, la Confédération paysanne, la Safer…) On rencontre aussi des gens intéressés pour former un groupe. Mais comment savoir si l’on pourra bien travailler et bien vivre avec celui-ci ou celle-là ? Comment s’explique cette envie de continuer ou non avec quelqu’un ? Dois-je faire confiance à mon instinct ou dois-je être plus rationnelle ?