Un nouveau souffle

L’automne colore la Drôme de couleurs splendides. Le vent et la pluie sont finalement venus,mais il y a encore de douces et belles journées. Pour Mathieu et moi, l’été fût dense en travail sur la ferme « ovin-viande » où l’on est salarié. Le dos en sueur, nous avons fait beaucoup de parcs (débroussaillage et pose de clôtures électriques mobiles), mais aussi soigné le troupeau et participé à l’agnelage.

Un boulot un peu répétitif, mais avec tout même quelques bons apprentissages : sur l’élevage et les grandes cultures. Chaque jour, le déjeuner en famille apportait son lot de convivialité et de discussions sur le monde agricole (et ses problèmes). Bernard, notre boss, est un chef d’exploitation ultra-passionné par son métier-vie d’agriculteur. Corine, sa femme, travaille à la Chambre d’agriculture de la Drôme, en charge des paysans et des installations agricoles du Diois (région autour de la ville de Die).

Cet été, qu’est-ce qu’on a fait de muscles ! Pas de place dans la tête, alors, ni d’énergie pour penser à notre installation agricole. La ferme de nos rêves est encore loin ! Peut-être étais-je naïve, en début d’année, de croire que ça irait vite. Avec du recul, je le vois bien : ça prend du temps de s’installer. Le temps déjà de mieux comprendre, puis mieux définir, ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas. Car il y a beaucoup de questions auxquelles répondre.

En septembre, nous avons relancé « notre projet d’installation » en postant une annonce sur le site web de Terre de Liens pour trouver des associés. Résultat ? Des encouragements, des propositions, de belles réactions, de longs échanges téléphoniques et mails, et même des rencontres. Mais pour savoir si, oui ou non, ça colle réellement… notre conclusion personnelle est qu’il faut vivre sur le même territoire, se voir régulièrement, partager des moments,apprendre à se connaître assez intimement… Aussi, que nous avions besoin, à nos côtés, de personnes aux profils assez similaires (en termes d’âge, de compétences, d’avancées dans la réflexion et les recherches, d’attentes…)

Nous avons également commencé à visiter trois potentiels lieux d’installation (d’autres sont à venir), avec pour chacun des « pour » et des « contre ».

Le premier est un collectif paysan déjà existant dans le Haut-Diois. Un GAEC avec un atelier ovin-viande, bovin-viande, un grand jardin et suffisamment de place pour développer un atelier caprin après une période de test.
Les petits hics : un endroit isolé, une année de test sur des ateliers qui ne nous intéressent pas trop, pas de collectif de vie, un travail intense et des personnes « bosseuses ».

Le second : une ferme à vendre sur le plateau du Vercors, avec un vieux bâtiment d’élevage à rénover, une grande maison d’habitation et 12 hectares de terres. On l’a visitée avec Thomas, un copain potentiel futur associé, qui voudrait élever des brebis et faire du fromage.
Les petits hics : un hiver rude sur le plateau, une surface agricole trop petite pour de l’élevage extensif, des rénovations nombreuses et, de notre côté, pas de groupe encore constitué pour l’acheter.

Le troisième : un petit collectif très sympathique en Ardèche, avec des bâtiments d’élevage et d’habitation magnifiques, construits par un génial couple et où vivent trois personnes en plus, tous travaillant à l’extérieur.Ils cherchent des gens pour utiliser la partie élevage de ce lieu (la bergerie,la fromagerie, le hangar et une trentaine d’hectares de terres).
Les petits hics : difficulté à faire sa place dans un lieu créé et possédé par d’autres, une année de test sans activité agricole, pas d’autre activité agricole sur le lieu, difficulté à se loger (uniquement dans un habitat léger type yourte), lieu et collectif très imbriqués (risquant en cas de mésentente).

Visiter des lieux, même lorsque ça n’aboutit pas, ça aide énormément à réfléchir, à affiner son projet professionnel et de vie, à définir ses besoins essentiels, à comprendre ses blocages, etc. 

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