La grande aventure et les doutes

Nous sommes bien dans la Drôme : la rivière pour se baigner, des colocs sympas, un super jardin, plein de copains, des concerts et festivals tout l’été… Et même quelques boulots dans des fermes caprines : un mi-temps à Grâne, juste à côté de chez nous, et des petits remplacements par-ci par-là.

Mais notre projet de ferme collective est toujours là, très présent. Il nous fait réfléchir intensément et nous fait continuer à chercher un peu partout, et surtout ailleurs (car les coins de Drôme qui nous plaisent bien ne sont pas très accessibles, en termes de prix et de disponibilité du foncier).

Après notre retour de voyage au Maroc et au Portugal, on s’y est remis à fond ! Ces derniers mois, nous avons encore visité trois fermes, cette fois-ci avec des copains éleveurs et potentiels associés : mais les fermes ne correspondaient pas à ce que nous cherchons ; quant aux copains, ils n’étaient finalement pas prêts.

Début juin, nous avons organisé une réunion avec une quinzaine d’intéressés pour acquérir le hameau en Ardèche. Au programme : pique-nique, visite du lieu et soirée à quelques-uns pour parler d’installation paysanne et collective. Sans trop entrer dans le concret, nous avons surtout évoqué nos projets et rêves respectifs, nos craintes, nos interrogations, etc. C’était un chouette week-end, avec de sympathiques personnes. Mais après ? Après, les gens ne semblaient pas spécialement motivés et enthousiastes à se revoir, à discuter davantage, ni à construire quelque chose ensemble. Plus tard peut-être… Plus tard, pourtant, le hameau sera sûrement vendu.

C’est un gros truc ça, investir et construire ensemble. Un gros truc avec pleins d’incertitudes dedans. Et il est bien plus facile de rêver ensemble que de faire les pas suivants : rendre les rêves concrets, constituer un groupe solide quoique différent, avoir le courage à un moment de mettre les doutes de côté et se lancer… Ces pas suivants se font, pour certains, dans la lenteur et beaucoup de craintes. Mathieu et moi sommes un peu impatients, parce que nous nous sentons prêts pour l’aventure. Alors, nous avons réfléchi à un moyen plus « facile » et plus rapide d’acquérir le hameau.

Ce moyen ? Avec des investissements familiaux et personnels, plus un prêt à la banque, acquérir seuls le hameau. Puis proposer aux gens d’investir le lieu, l’habitat, l’espace de travail, le collectif… via de la location. Comme ça, moins de peurs, moins d’engagements, moins de tergiversations, plus de souplesse, plus d’ouverture, plus de possibilités. Nous imaginons rembourser le prêt et ses intérêts via les revenus locatifs, ainsi que par la création d’une activité touristique d’accueil paysan.

Mais à mon tour, les doutes me viennent. Suis-je prête à porter cela ? Je ne me sens pas complètement mature, ni complètement à l’aise en France ou dans mon couple. Et est-ce vraiment cela que je veux ? Me lancer dans cette grande aventure serait comme un mariage avec Mathieu, le lieu et le projet ! Quel engagement ! Nous devenons, seuls, les porteurs et responsables du projet. Nous devons ainsi trouver des gens prêts à louer et s’investir sur le lieu, en même temps que de commencer l’activité d’accueil et construire notre élevage caprin. Nous portons seuls les risques financiers (tout du moins, ceux liés à l’achat du lieu).

Et en même temps… n’est-ce pas le moment de se lancer, d’oser, de vivre nos rêves ? Courage !

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