Faux départ !

Hum… la situation est-elle pathétique ? Ou finalement assez banale ? Après deux mois seulement à Mosset, dont un mois et demi passé en confinement, nous prenons la décision de renoncer à l’association agricole avec Julie et Manu, et de partir d’ici.

Nos premiers questionnements arrivent dès le départ. Mais c’est logique après tout. Nous arrivons dans un nouvel environnement, avec tout à construire : une vie sociale, une ferme d’élevage, une activité professionnelle agricole ET en association (le duo difficile !)

Nous avons pourtant un grand enthousiasme et beaucoup d’énergie. Nous sommes venus là avec l’idée forte de nous installer, d’y vivre au moins 10 ans, 20 ans, 30 ans… une vie de chevriers quoi !

Pourtant, au fil des jours, puis des semaines, nos doutes quant à l’association avec Julie et Manu grandissent, jusqu’à devenir des blocages. À la fin, il est clair que nous ne pourrons pas nous épanouir dans cette installation agricole-là. Peut-être que, après quelques années, quand tous les quatre aurions trouvé, sur notre petite ferme, un rythme de croisière… l’association agricole aurait alors pris tout son sens.

Mais pour l’heure, nous en sommes à l’installation agricole, c’est-à-dire au tout début, à la construction, aux essais, aux choix, aux découvertes, aux prises de responsabilité, aux engagements personnels, etc. C’est un moment important pour Roze et moi, un moment passionnel et très attendu. Nous voulons le vivre à fond ! Ne pas passer à côté, ni le déléguer à quelqu’un d’autre, ni qu’il soit plein de tensions inutiles, de stress, d’incompréhensions.

Lorsque nous avons répondu à l’appel de Julie et choisi de venir à Mosset, c’était pour co-construire de zéro un élevage de chèvres laitières. Nous semblions sur-motivés, tous, pour bâtir ensemble cette petite ferme collective, ce grand rêve. Nous avions un calendrier d’installation idéal, plein d’envies ambitieuses, plein de choses à penser et à faire ensemble.

Mais sur place, alors que Julie s’active pour sa propre installation agricole (beaucoup d’administratif surtout), nous, nous n’avons presque rien à faire. Notre propre administratif est en pause, à cause du confinement et de la lenteur des administrations d’ici. Julie n’a que très peu de temps et d’espace mental à nous consacrer. Et, tant que nous n’avons pas de place formelle ici (juridiquement parlant, c’est-à-dire avoir un statut agricole), elle préfère finalement que nous restions en retrait, même discrets, un peu cachés (elle trouve que ça la sécurise, que ça protège sa propre installation agricole si longtemps rêvée et préparée).

Alors, nous nous promenons dans les montagnes magnifiques et le long des canaux bucoliques. Nous lisons beaucoup, faisons de l’internet, de la musique, promenons le chien, bricolons un peu, etc. M’enfin à la longue… pfff… Nous avons tellement envie de commencer un élevage caprin, et tant d’énergie à y consacrer, que cette inactivité nous pèsent, que cette place secondaire et cette discrétion nous dérangent.

Ici, à Mosset, avec Julie, il faudrait que nous soyons patients, trop patients. Il faudrait que nous acceptions d’investir un projet déjà trop avancé, un projet qui nous échappe.

À mesure que les jours passent, cette installation agricole devient moins séduisante, moins attractive. Les autres défauts s’y ajoutant, il ne nous reste, à la fin, plus assez de bonnes raisons de persévérer. Pourtant les montagnes sont belles, et quelques bons amis nous réchauffent le cœur…

Mais c’est décidé, nous repartons !

Laisser un commentaire